A L'ORIGINE : LA PETITE HISTOIRE
Par Alexandre, président de l'association « La Danse des Papillons - Togo »
Février 20I0, je me rappelle, je passe la frontière Bénin/Togo.
Ça fait trois mois que j’ai quitté Bamako avec ma petite moto et mon sac accroché dessus. Le voyage continue. Lomé, Kpalimé, Kpimé Dzokoto. I0 ans maintenant.
Je me rappelle, premièrement, de l’accueil. Je me rappelle cette sensation, au milieu des montagnes, entre champs, forêts et rivières, de vivre pleinement parmi les hommes.
Kpimé Dzokoto. Quel village ! Est-ce vraiment un village d’ailleurs ?
Une famille ? Une tribu ?
Tout juste un coin du monde, un peu perdu, entre montagnes, forêts, champs et rivières où vivent des hommes.
Un lieu où les hommes n’ont pas grand chose du reste du monde.
Un territoire où nous sommes tous étrangers et où on se sent pourtant chez soi.
Ancienne forêt vierge, le village garde ses vestiges. A la manière d’une Rome ou Palmyre, kpimé Dzokoto me fascinera toujours. Par sa nature, le métissage de son peuple, sa générosité et son espoir.
Mais continuons l’histoire.
Voyons ses hommes vivant pour la terre et par ses seuls fruits. Travailler pour manger, cultiver, planter, chasser, élever.
Non par choix, par destinée.
Voyons ses enfants, pleins sourires, sur le chemin de l’école des mangues pleins les mains.
J’avais alors 23 ans et je vivais mon utopie.
Aujourd’hui j’en ai 33, une fillette près de moi qui en a 6. Lilas, ma fille. Née ici, togolaise, écolière, en classe de CP2.
Je vois la chance qu’elle a : l’accès, grâce à sa famille, à la culture, aux voyages, et à tout ce qui permet à un enfant de s’épanouir pleinement.
Mais à travers son regard plein de malice et de vivacité, je vois aussi, hélas, tous ses frères et sœurs au village et partout ailleurs, qui n’ont pas cette chance. Je vois tous mes frères et sœurs aller aux champs parce qu’ils n’ont pas d’autre choix. Je vois l’inégalité et je m’en offusque.
I0 ans sont passés pour moi, à apprendre, observer, à vivre au plus proche de la nature avec mes semblables.
J’ai construit ma case, en argile, avec mes proches.
Je me suis nourri de ce mode de vie, où l’on doit cultiver la terre pour vivre.
Je n’ai jamais cessé de partager, recevoir et donner.
« La Danse des Papillons » : un titre, une idée… une réalité !
Le partage et l’échange sont les notions mères de notre association.
En 2010, j'ai créé une ferme éco-responsable, qui porte le même nom que notre association, la ferme « La Danse des Papillons » et qui est le point de départ de notre mouvement.
L’objectif primaire de la ferme fut d’atteindre l’autosuffisance alimentaire par une production vivrière écologique et durable, et un élevage familial de volailles et de petits ruminants.